Alphonse Mellot

 
 


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  Les maîtres du sauvignon
Carnets de dégustation Bettane et Desseauve 29/12/2003

Amateurs et professionnels du vin le ressentent un peu partout dans le monde : la domination absolue du marché des vins blancs secs par le chardonnay commence a s'effriter. Les amateurs se lassent des saveurs confortables et stéréotypées de chêne toasté, de caramel au beurre (le fameux butterscotch des petits déjeuners américains) qui se sont multipliées sur tous les continents et renouent avec l'idée qu'un vin blanc doit pouvoir désaltérer. Les deux cépages en mesure de mieux répondre à cette attente, tout en permettant une expression aussi raffinée, diversifiée et complexe des sols et des climats sont certainement le riesling et le sauvignon.
Depuis longtemps, les amoureux de ces cépages ont remarqué les parentés aromatiques qui parfois les font prendre l'un pour l'autre sans pour le moment que la science ampélographique soit en état de mettre en évidence les liens qui les unissent. Une chose est sûre: les plus brillants vinificateurs ont beaucoup progressé depuis dix ans dans la vinification des vins issus des deux cépages et leur ont donné la vinosité et la richesse de caractère qui ont fait le succès du chardonnay bourguignon puis des producteurs de pratiquement tous les vignobles qui l'ont adopté. Il nous a donc semblé que le moment était venu de faire le point sur leurs plus brillantes expressions actuelles.

Nous commençons par le sauvignon dans son fief inimitable des hauts de Loire, sur les deux rives du fleuve, tel que trois producteurs le magnifient : Alphonse Mellot et la famille Vacheron en appellation Sancerre - et sur la commune même de Sancerre dont les terroirs s'avèrent incomparables pour la longue garde-, Didier Dagueneau en appellation Pouilly-Fumé, sinistrée à part lui sur le plan de l'idéalisme viti-vinicole.Antoine Gerbelle(qui a la charge de la Loire dans le guide Le classement des meilleurs vins de France) et moi-même leur avons demandé de parcourir leur propre histoire de vinificateur : ils ont sportivement joué le jeu en ouvrant un grand nombre de bouteilles, depuis leurs débuts hésitants et parfois maladroits jusqu'au triomphe des grands millésimes récents où la générosité du climat est venue sublimer leur maîtrise de la conduite du vignoble et des vinifications.
Jamais nous n'aurions imaginé rencontrer autant de chefs-d'oeuvre ! Il faut se rendre à l'evidence : quelques-uns des vins blancs actuels les plus purs et les plus élégants de la planète sont produits sur ces coteaux familiers mais que la routine de trop de producteurs locaux ont banalisé à en pleurer ! Pour Sancerre, nous n'avons pas résisté à publier les notes de dégustation des vins rouges qu'ils ont également voulu nous présenter et qui montrent que, si l'on sait le cultiver, le vendanger, le vinifier et l'élever selon les règles de l'art, le pinot noir du Sancerrois peut rivaliser avec ses plus hautes expressions bourguignonnes !

Après de tels moments d'émotion qui expliquent la prolifération des notes égales ou supérieures à 9, nous ne souhaitons qu'une chose : puissent tous les jeunes viticulteurs ambitieux et idéalistes du secteur se battre contre toutes les mauvaises habitudes familiales pour chercher à produire des vins du même style ! Et pourquoi ne pas étendre ce voeu à l'ensemble du Bordelais qui se complait lui aussi dans des expressions stéréotypées du sauvignon qui n'ont rien à voir avec ce que nous avons tant admiré pendant ces deux journées.


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