Alphonse Mellot

 
 


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  Sancerre rouge - Ils ont su accoucher - 2003
La Revue du Vin de France - mai 2005

Tout le monde avait hâte de retrouver en bouteilles les pinots noirs récoltés en 2003, année de canicule. Eh bien, Sancerre n'a pas déçu : chez les meilleurs, les vins surpasseent les grands 1989

Hâtivement comparé à 1989 ou 1976, deux millésimes de référence, rappelons que 2003 ne fut pas un millésime de longues chaleurs. L'impact de cette canicule a surtout été degriller des baies, en un temps record, notamment celles des jeunes vignes, des plants trop d1argés et/ou non travaivaillés. Les vignes labourées dont l'équilibre du sol était entretenu ont moins peiné, même si un tri des raisins était souvent nécessaire pour ôter ces grains déshydratés qui communiquent des notes végétales et de fortes amertumes aux cuvées.

Dix ans de garde
La première très bonne impression de la dégustation des 62 échantillons est qu'une majorité de vins ont gardé -et parfois même gagné -de la fraîcheur et de la droiture pendant l'élevage, et ce grâce à une incroyable richesse tannique. Si, sur le papier, les forts degrés (13,13,5") sont toujours là, ils se sentent moins en dégustation. Les vins sont d'un naturel plus équihbré. S'ajoute, pour les meilleurs, un élevage en fût avec un travail des lies en réduction (sans aération) qui a été bénéfique pour la tension des fins de bouche. Tout en affichant un profil velouté et charmeur qui les rendent accessibles dès 2006, les meilleures cuvées seront aptes à vieillir avec complexité au moins 10 ans. L'élevage sous bois a beaucoup progressé à Sancerre. Plus de la moitié des vins dégustés a au moins 50 % de barriques dans l'assemblage. Alors qu'en blanc, les vignerons font souvent référence au type de sol (terre blanche, silex, caillote), voire au lieu-dit, en rouge, la hiérarchie se fonde sur la concentration plus que sur le terroir, avec une cuvée non boisée et une boisée. Il reste encore beaucoup à faire sur le parcellaire des rouges sur Les principales communes productrices de rouge: Bué, Verdigny, Crézancy et Sancerre. Cette dégustation confirme la suprématie du trio Moussière (Alphonse Mellot), Vacheron et Pinard qui font la course en tête sur l'appellation depuis la fin des années 90. Le premier impose, après Génération XIX, deux nouvelles superbes cuvées de terroir. En Grands Champs et La Demoiselle qui supportent La comparaison avec le meilleur de la Côte de Nuits.

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DOMAINE LA MOUSSIÈRE
La Moussière

La première cuvée du domaine, mais quel charme ! Comme elle a conservé une pointe de fraîcheur finale, trop rare dans le millésime, elle se déguste déjà avec bonheur.

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Génération XIX

Puissant, soyeuse, solidement boisé, d'un grand volume, ce vin possède un fabuleux fond, une trame serrée, et s'affiche avec fermeté à ce stade de la dégustation. Il aura besoin d'air. On commencera à le servir fin 2007. Au debut d'une belle vie.

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En Grands Champs

Le boisé est plus racé que dans la cuvée Génération. La bouche est tendue, dotée de tanins d'une distinction rarissime et d'une digestibilité princière qui outrepasse les contingences du millésime. Un grand pinot "de noble soif" : le plus bel hommage que l'on puisse rendre à l'histoire des rouges de Sancerre.

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La Demoiselle

Magnifique expression du pinot noir sur argile à silex, plus fine mais aussi plus austère, moins consensuelle que celle issue d'argile à calcaires. Pour connaisseur. Se magnifie à table.

Par Antoine Gerbelle
Photo : R. Grman





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